La session parlementaire de l’été s’achève, répondant aux questions inédites qu’on se posait quelques semaines auparavant, au lendemain de ces drôles élections législatives à l’issue desquelles aucune majorité ne s’était dégagée des urnes.
L’Assemblée allait elle se paralyser, incapable de prendre des décisions à un moment où toutes sortes de difficultés exigent que notre pays sache avancer ?
L’Opposition de Droite et du Centre, sortie affaiblie des deux scrutins du printemps, allait elle s’enfermer dans une posture négative envers le pouvoir, lui-même étant handicapé par ses penchants condescendants ?
En définitive, si les débats ont souvent été vifs et les discussions intenses, le Parlement a pleinement joué son rôle, adoptant dans les temps prévus les trois textes sur lesquels il devait statuer : la nouvelle loi sanitaire, le soutien au pouvoir d’achat des Français et le budget rectifié en conséquence.
Pour notre démocratie abîmée, c’est une bonne nouvelle.
Le rôle du Parlement se trouve revalorisé, ce qui n’aurait pas été le cas si l’absence de majorité avait tourné à la foire d’empoigne permanente, tandis que se trouve rééquilibrée la relation entre les deux sources du pouvoir républicain, l’Exécutif autour du Président de la république et les deux assemblées parlementaires.
En cinq semaines, la culture du compromis, c’est à dire l’art de trouver ensemble des solutions cohérentes par un dialogue respectueux, a fait des progrès considérables, ce qui n’était pas gagné d’avance, loin de là.
Je salue l’attitude de mes amis politiques qui ont, tout à la fois, fait prévaloir l’intérêt général de notre pays et de nos concitoyens sur les considérations partisanes de la politique politicienne et fait prospérer nos convictions – en faveur du travail, pour la déconjugalisation des prestations des personnes handicapées, etc…- en faisant adopter des propositions défendues depuis des années ou dans le cadre de la campagne de Valérie Pecresse. Ainsi avons-nous vécu un paradoxe : alors que les députés de la Droite et du Centre n’ont jamais été aussi peu nombreux depuis bien longtemps, ils ont pesé comme jamais depuis 10 ans…
La Majorité sénatoriale, elle aussi, a accru son poids politique, et sa patte se retrouve fort heureusement dans les trois textes adoptés. Je lui sais particulièrement gré d’avoir œuvré à la préservation de ressources de nos collectivités, et pas seulement des départements, alors que l’Etat, contradictoire comme souvent depuis de décennies, est prompt à nous imposer des dépenses de fonctionnement supplémentaires tout en nous intimant de réaliser des économies.
A l’ouverture de la nouvelle session parlementaire, avec d’autres amis élus locaux LR, je m’étais inquiété des déclarations martiales de certaines figures nationales de LR, martelant un message d’opposition simpliste, faisant craindre des postures négatives systématiques. Nous avions alors appelé à une attitude ouverte et constructive de travail avec le gouvernement.
Parallèlement, nous avions demandé à l’Exécutif de discuter, de négocier, de ne pas exiger ralliement ou alignement selon les vieilles méthodes.
Nous pouvons dire que nous avons été entendus. Bien sûr, selon l’adage « une hirondelle ne fait pas le printemps », il est exclu de tirer une leçon définitive de cette courte séquence parlementaire.
Mais il n’en demeure pas moins que la démonstration est faite, aux yeux de tous les Français, que ce que l’on croyait très improbable est possible grâce à de la bonne volonté réciproque.
A partir de cet automne viendront d’autres sujets, plus difficiles ou plus clivants: immigration, sécurité, indispensable réforme des retraites, planification écologique pour accélérer l’incontournable transition énergétique, maîtrise des dépenses publiques, pour n’en citer que quelques uns.
Le défi sera alors plus ardu puisque l’art de bâtir des convergences entre forces politiques différentes voire opposées devra alors être mis au service de la transformation du pays, pour l’inscrire dans l’avenir à travers des réformes qui, pour être efficaces, ne devront ni être mièvres, ni faire les choses à moitié, mais épouser le parti de l’audace et de l’innovation. Un nouveau challenge à relever pour cette assemblée éclatée à l’image de la France d’aujourd’hui.